“LES COLLAGES FORMENT LA JEUNESSE” J.B. BRUNIUS

Nicole Peyrafitte détourne “l’être-là”. “l’entre-deux”, colle, décolle, cuisine, bricole et elle nous prouve que le collage excite bel et bien. Elle pratique le réalisme de l’ephémère, de l’effacement de l’instant, des grands virages sur le moment, pour le moment. Nicole Peyrafitte met en ondes l’actualité de notre monde morcelé, éclaté, fragmentaire. Elle rue dans les brancards du réel et se promène dans le métro de l’émotion. Nicole Peyrafitte comme Linbov Poyava, Hannah Hoch, Sophie Tauber, Valentine Hugo ou Aube Ellouét nous présente l’illusion de la réalité. Ces déchets en lambeaux nous font aimer le passage du temps, activant l’énigme des espaces mentaux et les fuites de l’oubli, réactivant les perturbations du réel. Elle “clitorise” les esquisses disloquées d’une culture dissociée, elle “rechatte” et “repenise” une réalité désintégrée. La raie alitée, le point d’ironie, le ready made aidé dans le spermament, l’articulation poésure et peintrie. De la bouche à l’anus en passant par l’épidemie des signes zonards et des hasards. Bref, des bruits d’art et de vie pour conjurer l’indécrottable incurable non-liberté dont nous jouissons les doigts dans la tête. Ce collage verbal glané ici et là, avec les miaulements des nuages, pour lui souhaiter un bel avenir. La peau du collage se retourne dans la cuisine poème et prose, se dévergonde dans la parfumerie du vide.
Claude Pélieu
Cherry Valley
Avril 1993 entre 9h30 et 10h du matin.